
Kinshasa, 24 février 2025 – dans la salle Salonga de l’Hotel Memling, la coalition "Le Congo n’est pas à vendre" (CNPAV) a présenté son dernier rapport intitulé "Train de vie des institutions en RDC : le pillage systématique des revenus nationaux par les élites politiques". Ce document, fruit d’une analyse approfondie des finances publiques de la RDC, révèle un système où les institutions politiques captent une part disproportionnée des ressources nationales, au détriment des investissements publics et des services sociaux essentiels.
Un contraste alarmant entre dépenses institutionnelles et besoins sociaux
Le rapport met en évidence un déséquilibre flagrant dans l’allocation budgétaire en RDC. Alors que les dépenses de fonctionnement des institutions ont été exécutées à 121,7 % au premier semestre 2024, celles des investissements publics sur ressources propres n’ont atteint que 29,6 %.
Les députés nationaux, qui perçoivent des émoluments avoisinant 21 000 dollars par mois, bénéficient d’avantages opaques, tandis que les enseignants et les forces de l’ordre perçoivent difficilement 100 dollars mensuels. Le rapport souligne également que le montant des primes et autres avantages des députés est difficile à déterminer précisément, car il est dissimulé dans les fonds spéciaux d’intervention".
Au premier semestre 2024, certaines institutions ont largement dépassé leurs prévisions budgétaires :
Des institutions budgétivores et un manque de transparence
Le rapport du CNPAV dénonce un système opaque dans lequel les rémunérations des responsables politiques échappent au contrôle du Trésor public. L’Assemblée nationale, par exemple, a reçu plus de 500 millions de dollars sous la rubrique “fonds spéciaux d'intervention” en 2024, soit un montant supérieur aux crédits budgétaires prévus pour les projets de développement local.
Le rapport souligne que ces fonds spéciaux, qui fonctionnent comme de véritables caisses noires, permettent des dépenses discrétionnaires non justifiées, contournant les contrôles budgétaires habituels.
Des recommandations pour une gouvernance plus équitable
Face à ces constats, le CNPAV appelle à des réformes urgentes pour assurer une meilleure gestion des finances publiques en RDC :
Un appel à l’action citoyenne
Lors de la conférence de presse, les intervenants ont exhorté la société civile et les citoyens à jouer un rôle actif dans le contrôle des finances publiques et à exiger plus de transparence. Ils ont rappelé que la lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance est une responsabilité collective.
Le rapport du CNPAV met ainsi une pression supplémentaire sur les décideurs politiques, les appelant à respecter leurs engagements en faveur d’une gestion plus équitable des richesses nationales. Reste à voir si ces recommandations seront suivies d’effet ou si elles viendront, une fois de plus, alimenter un débat sans actions concrètes.